Catégorie -L’interview de la semaine

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« À la fin des années 80, nous n’étions plus que deux domaines à proposer du Malvoisie »

Surplombant la Loire depuis l’un des plus beaux points de vue des Coteaux d’Ancenis, le Domaine des Génaudières cultive bien plus que de la vigne : une histoire familiale séculaire, un attachement profond à la terre, et une volonté affirmée de transmission. Entre patrimoine et innovation, passage au bio, et renaissance du Malvoisie, rencontre avec une famille de vignerons, à l’aube d’une nouvelle génération. Pierre-Yves, votre domaine est situé sur l’un des lieux les plus magiques des Coteaux d’Ancenis, mesurez-vous cette chance ? Oui, nous en sommes conscients ! Tous les matins, quand nous arrivons au travail, nous redécouvrons la vue. Elle change tous les jours selon la luminosité, selon le niveau d’eau de la Loire. C’est un écrin de verdure avec énormément d’arbres, d’oiseaux. Nous avons un cadre de travail très agréable. Est-ce qu’il y a des spécificités géologiques sur votre domaine ? Nous sommes à l’extrémité du Massif armoricain, notre zone s’appelle le verrou de la Loire. C’est l’endroit où la Loire est la plus resserrée entre ces deux rives, nous sommes sur une zone où les deux coteaux sont très proches. Cette géographie fait que nous avons une accélération de l’air qui arrive de l’ouest, qui donne une zone très ventilée, positive pour la vigne. Le Domaine des Génaudières est un domaine familial ? Effectivement, c’est un domaine familial. Anne et Brigitte, qui sont sœurs, l’ont repris il y a maintenant une quarantaine d’années. C’était déjà le domaine de leur père...

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« Nous ne sommes qu’au balbutiement autour des rouges. Peut-être qu’un jour, ce sera notre nouvel étendard ! »

Installé depuis 2008 à La Varenne, au sud de la Loire, sur les coteaux d’Ancenis, Emmanuel Merceron a sensiblement fait évoluer la structure de son domaine. À la croisée des appellations du Pays nantais et de l’Anjou, il a fait le choix du bio et d’une viticulture plus artisanale. Réduction des surfaces, valorisation des vins, vinifications en évolution constante : son parcours est marqué par une adaptation aux nouveaux défis de son métier.
Emmanuel, pouvez-vous nous situer votre domaine ?
Le domaine est situé à La Varenne, l’une des neuf communes qui composent désormais Orée d’Anjou, sur la rive sud des coteaux d’Ancenis.
Votre domaine est à la croisée des chemins ou des appellations ?
C’est exactement ça ! De mémoire, nous pouvons ici produire jusqu’à neuf AOC ! Nous sommes à cheval sur les appellations du Pays nantais et celles de l’Anjou, et puis nous avons celle sur laquelle nous sommes situés : les coteaux d’Ancenis. Cela nous a longtemps donné un certain avantage et de très nombreuses possibilités : Cabernet d’Anjou, Rosé d’Anjou, Crémant de Loire, Muscadet, Muscadet coteaux de la Loire, coteaux d’Ancenis, ainsi qu’en IGP Val de Loire.
Y a-t-il aussi des inconvénients à pouvoir revendiquer toutes ces appellations ?
Je dirais que nous ne sommes pas au cœur des appellations. Nous sommes donc toujours un peu vus de loin par les autres.

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« Mon idée était d’amener le produit jusqu’au bout : du raisin jusqu’au vin »

Joanes Haritschelhar, enfant du pays d’Irouléguy, a repris les rênes du domaine familial après la retraite de sa mère, avec une vision claire : produire un vin respectueux de la nature. Si sa mère livrait jusque-là ses raisins à la cave coopérative, le jeune vigneron a, quant à lui, décidé de voler de ses propres ailes avec ses 3 hectares de vignes. Joanes, peut-on dire que vous êtes un enfant du cru ? J’ai grandi au sein de la ferme familiale. Mon père faisait du fromage de brebis, et ma mère l’aidait à la ferme. En 1995, un groupement foncier agricole a été créé dans le village d’Irouléguy. Cela a permis l’installation de cinq ou six vignerons, dont ma mère. Elle a donc eu l’opportunité de reprendre deux hectares de terres agricoles grâce à Lurzaindia. Pouvez-vous nous expliquer la nature de cet organisme ? C’est un organisme basque qui s’apparente à « Terres de Liens », présent partout en France. Il achète des terres, ce qui permet à de jeunes agriculteurs de s’installer plus facilement. Ma mère louait donc ces terres. Or, lorsqu’elle est partie en retraite, comme j’étais son fils, j’étais prioritaire pour les reprendre. Ces terres ne m’appartiennent pas, mais, étant fermier, j’ai un bail qui me garantit de pouvoir les utiliser, sans pouvoir les vendre. Cela signifie que ces terres sont sauvées de la spéculation foncière et qu’elles auront toujours une vocation agricole. Ma mère a donc planté deux hectares de vignes, et j’ai toujours baigné dans cet environnement. Votre...

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« Il semble que le blanc soit, en ce moment, un véritable moteur de développement pour l’appellation ! »

Didier Ybargaray est un nouveau vigneron à Irouléguy. Un vigneron qui a fait le choix de se consacrer aux vins blancs. En plantant Petit et Gros Manseng sur une parcelle familiale, il mise sur la qualité et la simplicité. Pour lui, le blanc représente bien plus qu’une mode : c’est une évolution prometteuse pour l’appellation.
Didier, quel est votre parcours ?
Je n’ai pas suivi d’étude dans le vin. J’ai d’abord travaillé trois ans et demi en Vendée. Je suis parti à 20 ans et j’ai eu le mal du pays. Je suis donc revenu dans le coin. Mon oncle avait une ferme avec des brebis, mais je n’avais pas le goût de l’élevage. Toutefois, j’avais une forme de regret à ne pas avoir fait d’étude en viticulture qui ressortait de plus en plus. Mon goût pour le vin est arrivé avec le temps.
Vous vous êtes lancé sur une parcelle sans vignes ? 
En effet, cette parcelle était à l’origine une prairie exploitée par plusieurs générations de ma famille. L’appellation étant fragmentée en îlots, savoir qu’une parcelle s’y trouve signifie généralement que l’exposition et la qualité du sol sont favorables. Le temps nous a donné raison, car la vigne s’y est parfaitement implantée, affichant une belle vigueur au fil des années.
À quand remontent les premières plantations ?
Nous avons planté un hectare en deux étapes, réparties sur deux années. À l’aube de notre aventure, nous avons choisi une approche progressive : une première partie a été plantée en 2021, suivie de la seconde en 2022.

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« La cave coopérative d’Irouléguy a longtemps été la seule à produire des vins de façon professionnelle »

La cave coopérative d’Irouléguy est l’une des plus petites de France. Sur ce vignoble, elle tient une place à part, puisque c’est grâce à elle que l’appellation est née en 1970. Bien qu’elle représente encore la moitié des volumes de l’appellation, sa place diminue au fil des années. Olivier Martin, son président, nous raconte son histoire et les enjeux qu’elle doit affronter dans le futur. Quelle est l’histoire de la cave coopérative d’Irouléguy ? Avant toute chose, il est essentiel de rappeler que le Pays basque est une terre de vignes et de vins. Jadis florissant, on a compté jusqu’à 1 000 hectares de vignes sur les communes d’Irouléguy, de Baïgorry et d’Anhaux. Le vignoble connut de sombres heures, frappé successivement par la crise du phylloxéra et les bouleversements de la Première Guerre mondiale, qui précipitèrent son déclin. Pourtant, quelques visionnaires ont arpenté les fermes en demandant aux propriétaires de ne pas arracher leurs vignes. L’idée était de valoriser cette production historique. Ce petit groupe de paysans et de propriétaires terriens a créé le syndicat des vins d’Irouléguy au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en 1945. Petit à petit, l’arrachage s’est arrêté, mais il fallait aussi valoriser la production. C’est ainsi que la cave coopérative est née en 1952. Elle a longtemps été le premier et le seul opérateur sur les terroirs d’Irouléguy. Quelles étaient les surfaces à cette époque ? Il devait rester une trentaine d’hectares ! L’appellation...

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« Chaque année, en moyenne, nous avons deux éboulements de terrasses »

Depuis 2012, Brice Robelet, accompagné de sa compagne Elorri Reca, est à la tête du Domaine Bordaxuria. Créé par les parents d’Elorri au milieu des années 1980, ce domaine se distingue par ses vignes quasi exclusivement plantées en terrasses. Si elles façonnent les paysages d’Irouléguy, ces terrasses imposent aussi un travail exigeant et de nombreuses contraintes.
Brice, sur l’appellation Irouléguy, vous êtes l’un des domaines avec le plus de terrasses plantées en vignes ?
Effectivement, la quasi-totalité du domaine est constituée de terrasses. Sur l’AOC, le domaine Brana en compte également un grand nombre, autour de 10 à 15 hectares. Chez nous, sur nos 10 hectares, 8 sont plantés en terrasses, ce qui représente 108 niveaux.
Un travail spécifique ?
Pour donner un exemple concret, sur les terrasses, nous plantons environ 2 000 à 2 500 pieds par hectare, alors qu’une vigne en pente directe, comme celle devant notre domaine, peut en accueillir 4 800 pieds par hectare. Côté rendements, nous sommes à environ 25 hl/ha en terrasses, alors que le cahier des charges de l’AOC autorise jusqu’à 55 hl/ha.
Que représente le travail sur les terrasses ?
Nous avons la chance que les parents d’Elorri aient créé des terrasses assez larges, ce qui permet de mécaniser une partie du travail. Moi qui viens de la vallée du Rhône Nord, où les vignes sont plantées à 10 000 pieds/hectare, rien n’y est mécanisable ! Ici, la largeur des terrasses facilite aussi la sécurité lors des interventions.

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« Il y a une vraie dynamique autour des nouveaux domaines sur Vouvray »

Installés sur les terroirs de Vouvray depuis 2022, Anne et Jeroen De Sutter, un couple belge passionné de vin, se sont lancés dans l’aventure viticole après un parcours riche d’expériences en France. Entre apprentissage auprès de vignerons renommés et engagement pour une viticulture bio, ils façonnent aujourd’hui des vins portés par la minéralité et la fraîcheur du terroir. Des Belges à Vouvray, c’est insolite !? C’est vrai que nous ne sommes pas nombreux ! (Sourire) Avec ma femme, nous n’étions pas malheureux dans nos métiers respectifs en Belgique, mais ce n’était pas une passion. Personnellement, pendant plusieurs années, j’ai suivi des cours sur le vin, par passion cette fois. Nous sommes venus en France en 2019 et avons fait les vendanges à Chinon, au domaine Grosbois. Au début, nous voulions simplement voir comment cela se passait. Finalement, nous y sommes restés dix mois. Cette expérience nous a confortés dans notre cheminement. Par la suite, nous avons suivi un bac professionnel viti-vini à Amboise avec des stages. Chez quels vignerons vous êtes-vous formés ? Je suis allé du côté de Montlouis-sur-Loire, au domaine des Pierres Écrites. Ce sont de véritables personnes de confiance, qui sont devenues des amis. Quant à Anne, ma femme, elle a travaillé dans la Loire également, chez Frantz Saumon, puis chez Laura David dans la vallée du Rhône. Ensuite, nous sommes allés à Gaillac avant de revenir en Touraine, chez Vincent Carême et Benoît Pinon. Par rapport à votre...

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« Je n’essaye pas de produire un certain type de vin ! »

Rien ne prédestinait Peter Hahn à devenir vigneron en Touraine. Pourtant, après une quête de sens, ce New-Yorkais d’origine a eu un véritable coup de cœur pour le Clos de la Meslerie. Avec une approche instinctive et respectueuse du terroir, il s’est alors lancé dans l’aventure viticole. Entre passion, patience et convictions, il façonne aujourd’hui des vins singuliers, loin des standards, où chaque millésime raconte une histoire unique. Peter, vous n’êtes pas du tout natif de Vouvray ? Ça c’est sûr ! (sourire). Je suis New-Yorkais d’origine. J’ai d’abord travaillé dans le conseil et dans la stratégie d’entreprise. Pendant cette période, j’ai travaillé à Londres, à la fin des années 1990, et j’ai passé pas mal de temps à Paris. Du coup, je m’y suis installé ! C’est pendant mon séjour dans cette ville que j’ai commencé à suivre des cours de dégustation. Au bout d’un moment, j’en ai eu assez de ce travail. À l’aube de la quarantaine, j’ai donc choisi de changer de vie. C’est à ce moment-là que je me suis interrogé sur la suite à donner à ma carrière. Je voulais trouver un travail avec un sens et proche de la nature. Pour autant, je n’avais aucune compétence dans ce secteur. Initialement, vous vouliez vous installer en Provence pour faire des rouges ? C’est vrai ! C’est un peu une blague aujourd’hui. Je voulais faire des vins plutôt structurés en Provence ou dans le Languedoc. Je recherchais aussi un style de vie. Du coup, avoir un domaine me permettait de vivre et de...

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« Chez moi, j’ai des effervescents qui ont jusqu’à dix ans sur lattes ! »

Après un parcours universitaire dédié au vin et plusieurs années d’apprentissage à Vouvray au domaine Sébastien Brunet Fabien Brutout rejoint en 2008 : un autre vigneron de Vouvray, Mathieu Cosme. Ensemble, ils donnent naissance à une structure de négoce nommée Le Facteur, première étape avant la création de son propre domaine en 2018. Dans sa gamme, trois cuvées de vins effervescents, dont un Vouvray.
Florent, quel est votre parcours ?
Avant toute chose, je viens d’une famille qui travaille la terre ! Mon frère jumeau est d’ailleurs agriculteur. J’ai baigné dans le milieu agricole ! Pour ce qui me concerne, j’ai suivi un cursus universitaire en apprentissage. Apprentissage que j’ai effectué chez le vigneron Sébastien Brunet. Il s’agissait d’une licence axée sur tout l’univers du vin : de la production à la vinification. Ensuite, j’ai une proposition de travail chez un autre vigneron de Vouvray : Mathieu Cosme.
Combien de temps êtes-vous resté chez Mathieu Cosme ?
J’y suis resté quasiment dix ans ! Au bout de cinq ans, nous avons créé une société de négoce. Je voulais m’installer, mais je n’arrivais pas à trouver de vignes.
Vous vouliez impérativement vous installer sur les terroirs de Vouvray ?
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“Chaque année, nous avons de nouveaux candidats !”

Au-delà d’être aux commandes du domaine La Vigne Mouton, Margaux Calland est aussi la présidente d’Artisans Vignerons de Bourgogne du Sud. Une association qui a fêté ses vingt printemps l’année passée et qui défend une certaine idée de la viticulture.
Margaux, quelle est la genèse de l’association que vous présidez ?
L’histoire est partie d’un petit groupe de vignerons du Mâconnais, un groupe d’amis partageant un regard commun sur le vin, le respect des sols et les vendanges manuelles. Ces trois points continuent toujours de nous réunir. Par ailleurs, ils s’inscrivent tous dans une démarche artisanale à travers de petites structures. Au départ, ils étaient une petite dizaine. Aujourd’hui, nous sommes 28 !
Qui étaient ces domaines au début de cette aventure ?
Parmi les initiateurs, il y avait Dominique Lafont, Olivier Merlin, Les Vignes du Maynes, Jean-Marie Chaland, le domaine Saumaize, le domaine Barraud, le château des Rontets, etc. Il faut bien comprendre qu’il y a vingt ans, la majorité des sols étaient désherbés chimiquement dans la région. Nous passions un peu pour des hurluberlus !
Au début, vous n’aviez pas l’obligation d’être certifiés bio.
Pourquoi cela a-t-il récemment changé ?
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