Catégorie -L’interview de la semaine

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« Il semble que le blanc soit, en ce moment, un véritable moteur de développement pour l’appellation ! »

Didier Ybargaray est un nouveau vigneron à Irouléguy. Un vigneron qui a fait le choix de se consacrer aux vins blancs. En plantant Petit et Gros Manseng sur une parcelle familiale, il mise sur la qualité et la simplicité. Pour lui, le blanc représente bien plus qu’une mode : c’est une évolution prometteuse pour l’appellation.
Didier, quel est votre parcours ?
Je n’ai pas suivi d’étude dans le vin. J’ai d’abord travaillé trois ans et demi en Vendée. Je suis parti à 20 ans et j’ai eu le mal du pays. Je suis donc revenu dans le coin. Mon oncle avait une ferme avec des brebis, mais je n’avais pas le goût de l’élevage. Toutefois, j’avais une forme de regret à ne pas avoir fait d’étude en viticulture qui ressortait de plus en plus. Mon goût pour le vin est arrivé avec le temps.
Vous vous êtes lancé sur une parcelle sans vignes ? 
En effet, cette parcelle était à l’origine une prairie exploitée par plusieurs générations de ma famille. L’appellation étant fragmentée en îlots, savoir qu’une parcelle s’y trouve signifie généralement que l’exposition et la qualité du sol sont favorables. Le temps nous a donné raison, car la vigne s’y est parfaitement implantée, affichant une belle vigueur au fil des années.
À quand remontent les premières plantations ?
Nous avons planté un hectare en deux étapes, réparties sur deux années. À l’aube de notre aventure, nous avons choisi une approche progressive : une première partie a été plantée en 2021, suivie de la seconde en 2022.

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« La cave coopérative d’Irouléguy a longtemps été la seule à produire des vins de façon professionnelle »

La cave coopérative d’Irouléguy est l’une des plus petites de France. Sur ce vignoble, elle tient une place à part, puisque c’est grâce à elle que l’appellation est née en 1970. Bien qu’elle représente encore la moitié des volumes de l’appellation, sa place diminue au fil des années. Olivier Martin, son président, nous raconte son histoire et les enjeux qu’elle doit affronter dans le futur. Quelle est l’histoire de la cave coopérative d’Irouléguy ? Avant toute chose, il est essentiel de rappeler que le Pays basque est une terre de vignes et de vins. Jadis florissant, on a compté jusqu’à 1 000 hectares de vignes sur les communes d’Irouléguy, de Baïgorry et d’Anhaux. Le vignoble connut de sombres heures, frappé successivement par la crise du phylloxéra et les bouleversements de la Première Guerre mondiale, qui précipitèrent son déclin. Pourtant, quelques visionnaires ont arpenté les fermes en demandant aux propriétaires de ne pas arracher leurs vignes. L’idée était de valoriser cette production historique. Ce petit groupe de paysans et de propriétaires terriens a créé le syndicat des vins d’Irouléguy au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en 1945. Petit à petit, l’arrachage s’est arrêté, mais il fallait aussi valoriser la production. C’est ainsi que la cave coopérative est née en 1952. Elle a longtemps été le premier et le seul opérateur sur les terroirs d’Irouléguy. Quelles étaient les surfaces à cette époque ? Il devait rester une trentaine d’hectares ! L’appellation...

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« Chaque année, en moyenne, nous avons deux éboulements de terrasses »

Depuis 2012, Brice Robelet, accompagné de sa compagne Elorri Reca, est à la tête du Domaine Bordaxuria. Créé par les parents d’Elorri au milieu des années 1980, ce domaine se distingue par ses vignes quasi exclusivement plantées en terrasses. Si elles façonnent les paysages d’Irouléguy, ces terrasses imposent aussi un travail exigeant et de nombreuses contraintes.
Brice, sur l’appellation Irouléguy, vous êtes l’un des domaines avec le plus de terrasses plantées en vignes ?
Effectivement, la quasi-totalité du domaine est constituée de terrasses. Sur l’AOC, le domaine Brana en compte également un grand nombre, autour de 10 à 15 hectares. Chez nous, sur nos 10 hectares, 8 sont plantés en terrasses, ce qui représente 108 niveaux.
Un travail spécifique ?
Pour donner un exemple concret, sur les terrasses, nous plantons environ 2 000 à 2 500 pieds par hectare, alors qu’une vigne en pente directe, comme celle devant notre domaine, peut en accueillir 4 800 pieds par hectare. Côté rendements, nous sommes à environ 25 hl/ha en terrasses, alors que le cahier des charges de l’AOC autorise jusqu’à 55 hl/ha.
Que représente le travail sur les terrasses ?
Nous avons la chance que les parents d’Elorri aient créé des terrasses assez larges, ce qui permet de mécaniser une partie du travail. Moi qui viens de la vallée du Rhône Nord, où les vignes sont plantées à 10 000 pieds/hectare, rien n’y est mécanisable ! Ici, la largeur des terrasses facilite aussi la sécurité lors des interventions.

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« Il y a une vraie dynamique autour des nouveaux domaines sur Vouvray »

Installés sur les terroirs de Vouvray depuis 2022, Anne et Jeroen De Sutter, un couple belge passionné de vin, se sont lancés dans l’aventure viticole après un parcours riche d’expériences en France. Entre apprentissage auprès de vignerons renommés et engagement pour une viticulture bio, ils façonnent aujourd’hui des vins portés par la minéralité et la fraîcheur du terroir. Des Belges à Vouvray, c’est insolite !? C’est vrai que nous ne sommes pas nombreux ! (Sourire) Avec ma femme, nous n’étions pas malheureux dans nos métiers respectifs en Belgique, mais ce n’était pas une passion. Personnellement, pendant plusieurs années, j’ai suivi des cours sur le vin, par passion cette fois. Nous sommes venus en France en 2019 et avons fait les vendanges à Chinon, au domaine Grosbois. Au début, nous voulions simplement voir comment cela se passait. Finalement, nous y sommes restés dix mois. Cette expérience nous a confortés dans notre cheminement. Par la suite, nous avons suivi un bac professionnel viti-vini à Amboise avec des stages. Chez quels vignerons vous êtes-vous formés ? Je suis allé du côté de Montlouis-sur-Loire, au domaine des Pierres Écrites. Ce sont de véritables personnes de confiance, qui sont devenues des amis. Quant à Anne, ma femme, elle a travaillé dans la Loire également, chez Frantz Saumon, puis chez Laura David dans la vallée du Rhône. Ensuite, nous sommes allés à Gaillac avant de revenir en Touraine, chez Vincent Carême et Benoît Pinon. Par rapport à votre...

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« Je n’essaye pas de produire un certain type de vin ! »

Rien ne prédestinait Peter Hahn à devenir vigneron en Touraine. Pourtant, après une quête de sens, ce New-Yorkais d’origine a eu un véritable coup de cœur pour le Clos de la Meslerie. Avec une approche instinctive et respectueuse du terroir, il s’est alors lancé dans l’aventure viticole. Entre passion, patience et convictions, il façonne aujourd’hui des vins singuliers, loin des standards, où chaque millésime raconte une histoire unique. Peter, vous n’êtes pas du tout natif de Vouvray ? Ça c’est sûr ! (sourire). Je suis New-Yorkais d’origine. J’ai d’abord travaillé dans le conseil et dans la stratégie d’entreprise. Pendant cette période, j’ai travaillé à Londres, à la fin des années 1990, et j’ai passé pas mal de temps à Paris. Du coup, je m’y suis installé ! C’est pendant mon séjour dans cette ville que j’ai commencé à suivre des cours de dégustation. Au bout d’un moment, j’en ai eu assez de ce travail. À l’aube de la quarantaine, j’ai donc choisi de changer de vie. C’est à ce moment-là que je me suis interrogé sur la suite à donner à ma carrière. Je voulais trouver un travail avec un sens et proche de la nature. Pour autant, je n’avais aucune compétence dans ce secteur. Initialement, vous vouliez vous installer en Provence pour faire des rouges ? C’est vrai ! C’est un peu une blague aujourd’hui. Je voulais faire des vins plutôt structurés en Provence ou dans le Languedoc. Je recherchais aussi un style de vie. Du coup, avoir un domaine me permettait de vivre et de...

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« Chez moi, j’ai des effervescents qui ont jusqu’à dix ans sur lattes ! »

Après un parcours universitaire dédié au vin et plusieurs années d’apprentissage à Vouvray au domaine Sébastien Brunet Fabien Brutout rejoint en 2008 : un autre vigneron de Vouvray, Mathieu Cosme. Ensemble, ils donnent naissance à une structure de négoce nommée Le Facteur, première étape avant la création de son propre domaine en 2018. Dans sa gamme, trois cuvées de vins effervescents, dont un Vouvray.
Florent, quel est votre parcours ?
Avant toute chose, je viens d’une famille qui travaille la terre ! Mon frère jumeau est d’ailleurs agriculteur. J’ai baigné dans le milieu agricole ! Pour ce qui me concerne, j’ai suivi un cursus universitaire en apprentissage. Apprentissage que j’ai effectué chez le vigneron Sébastien Brunet. Il s’agissait d’une licence axée sur tout l’univers du vin : de la production à la vinification. Ensuite, j’ai une proposition de travail chez un autre vigneron de Vouvray : Mathieu Cosme.
Combien de temps êtes-vous resté chez Mathieu Cosme ?
J’y suis resté quasiment dix ans ! Au bout de cinq ans, nous avons créé une société de négoce. Je voulais m’installer, mais je n’arrivais pas à trouver de vignes.
Vous vouliez impérativement vous installer sur les terroirs de Vouvray ?
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“Chaque année, nous avons de nouveaux candidats !”

Au-delà d’être aux commandes du domaine La Vigne Mouton, Margaux Calland est aussi la présidente d’Artisans Vignerons de Bourgogne du Sud. Une association qui a fêté ses vingt printemps l’année passée et qui défend une certaine idée de la viticulture.
Margaux, quelle est la genèse de l’association que vous présidez ?
L’histoire est partie d’un petit groupe de vignerons du Mâconnais, un groupe d’amis partageant un regard commun sur le vin, le respect des sols et les vendanges manuelles. Ces trois points continuent toujours de nous réunir. Par ailleurs, ils s’inscrivent tous dans une démarche artisanale à travers de petites structures. Au départ, ils étaient une petite dizaine. Aujourd’hui, nous sommes 28 !
Qui étaient ces domaines au début de cette aventure ?
Parmi les initiateurs, il y avait Dominique Lafont, Olivier Merlin, Les Vignes du Maynes, Jean-Marie Chaland, le domaine Saumaize, le domaine Barraud, le château des Rontets, etc. Il faut bien comprendre qu’il y a vingt ans, la majorité des sols étaient désherbés chimiquement dans la région. Nous passions un peu pour des hurluberlus !
Au début, vous n’aviez pas l’obligation d’être certifiés bio.
Pourquoi cela a-t-il récemment changé ?
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« Sur l’A.OC Mâcon, le potentiel terroir est bien là ! »

Au domaine de la Soufrandière, l’année 2024 s’est terminée de la plus belle des manières avec la classification en Premiers Crus de deux de leurs parcelles à Pouilly-Vinzelles. Un véritable aboutissement pour la famille Bret, après des années de démarches auprès de l’INAO. Cette distinction, encore inédite pour le Mâconnais, souligne le potentiel exceptionnel des terroirs locaux. Jean-Philippe, avant toute chose, l’année 2024 s’est particulièrement bien terminée pour le domaine de la Soufrandière, puisque deux de vos parcelles de Pouilly-Vinzelles ont récemment obtenu une belle reconnaissance ? Oui, nous avons effectivement obtenu la classification en Premiers Crus sur Pouilly-Vinzelles et Pouilly-Loché pour deux de nos parcelles. C’est une belle avancée ! C’est l’aboutissement d’un long travail commencé en 2006, avec des études approfondies. Grâce au cabinet Sigales, nous avons pu effectuer des carottages, des relevés de sols et établir une cartographie des climats concernés. C’était un travail conséquent ? C’était un projet ambitieux qui s’est construit au fil des années. Après la phase scientifique, nous avons soumis un dossier complet à l’INAO en 2019. Puis, nous avons franchi plusieurs étapes : commissions techniques, expertises, enquêtes de terrain… Finalement, après l’obtention des Premiers Crus pour Pouilly-Fuissé en 2021, nous avons relancé le processus pour Vinzelles et Loché. C’est une grande victoire pour l’ensemble du Mâconnais ? Pour découvrir la suite de...

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« L’ambition de notre association est de révéler au grand jour le caractère unique des Rancios secs du Roussillon ! »

Guillaume Chevillard, bien qu’il ne soit pas vigneron, a été poussé par sa passion pour les Rancios à devenir président de l’association des Rancios secs du Roussillon. Son engagement vise à mettre en valeur cet héritage régional à travers des événements comme le Salon européen des vins oxydatifs, un rendez-vous qui attire amateurs et professionnels de toute l’Europe. Dans cet entretien, il revient sur l’histoire de l’association et les défis à relever pour préserver et promouvoir ces vins si singuliers que sont les Rancios secs. Guillaume, vous n’êtes pas vigneron. Comment en êtes-vous venu à prendre la tête de l’association des Rancios secs du Roussillon ? Je fais partie de ce qu’on appelle la filière, qui regroupe des vignerons, des cavistes et des sommeliers. En plus de mon métier d’accompagnateur en moyenne montagne, j’organise des dégustations et fais de la distribution, notamment auprès de restaurants. J’ai rejoint l’association il y a une dizaine d’années en tant qu’amateur, car elle regroupe aussi bien des professionnels que des amateurs. Avec le temps, j’ai intégré le conseil d’administration. Traditionnellement, la présidence est partagée entre un représentant de l’IGP Côtes Catalanes et un autre de l’IGP Côte Vermeille. Bien que je ne sois pas vigneron, j’ai été coprésident l’année dernière avec Virginie Magnien, vigneronne du domaine La Spenda. Quelles ont été les raisons qui vous ont poussé à prendre les rênes de cette présidence ? Pour découvrir la suite de...

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« À partir de 1996, j’ai fait mes premiers essais en séparant deux tonneaux issus de deux parcelles. J’ai été bluffé ! »

Pionnier dans l’approche parcellaire autour des vins jaunes, Stéphane Tissot redéfinit ses codes. Depuis 1996, il bouscule les idées reçues sur ces vins si singuliers. Entre l’influence des terroirs, des caves, le rôle crucial des lies, il nous livre les clés de son savoir-faire.
Stéphane, depuis quand faites-vous des vins jaunes ?
Mon père faisait des vins jaunes et j’ai continué à en faire à mon installation. J’ai fait évoluer mon travail par rapport à notre passage en bio et aux différentes températures de cave. À partir de 1996, j’ai fait mes premiers essais en séparant deux tonneaux issus de deux parcelles. J’ai pu avoir le résultat de cette approche à partir de 2003. J’ai été bluffé ! C’est ce qui m’a incité à me lancer complètement dans cette démarche d’approche parcellaire sur mes vins jaunes.
Quel était votre regard sur la production de vin jaune au départ ?
Au début, l’idée reçue était que le vin jaune est surtout influencé par la vinification, c’est-à-dire par la méthode de fermentation sous voile. Lorsque l’on évoque ses vins de voiles, que ce soit dans le Jura ou ailleurs, on pense souvent que la qualité dépend avant tout des conditions de la cave et des techniques de vinification.
Quelle est l’importance du terroir dans la production de vin jaune ?
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