Catégorie -L’interview de la semaine

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« L’image du Picpoul de Pinet reste aujourd’hui largement liée à la grande distribution »

À contre-courant de cette logique, Olivier Azan mène une tout autre voie. À la tête d’un domaine familial, le Petit Roubié, il défend depuis 1985 une viticulture en agriculture biologique, bien avant que cela ne devienne une tendance. En véritable artisan du vin, il incarne une vision plus exigeante et engagée de l’appellation, loin des standards industriels. Vous êtes l’un des rares vignerons en cave particulière à Pinet. Pourquoi ce choix ? Je me suis installé ici en 1982. Et dès 1985, j’ai fait le choix du bio. À l’époque, c’était marginal, on me regardait comme un original. Mais pour moi, ça coulait de source. J’avais vu ce que donnait l’arboriculture conventionnelle en matière de traitements, et je ne voulais pas de ça. Alors j’ai planté de la vigne, et je me suis lancé en cave particulière, à contre-courant. Le piquepoul n’était pas vraiment un cépage phare à l’époque… Non, à l’époque, il servait surtout pour les vermouths, comme le Noilly-Prat. On ne le vinifiait pas vraiment pour lui-même. C’est un cépage qui a longtemps été sous-estimé, mais il a une vraie originalité : de la fraîcheur, une belle acidité naturelle, et surtout une identité forte. Aujourd’hui, on commence seulement à en mesurer le potentiel. Le bio sur piquepoul, ce n’est pas trop compliqué ?  C’est un cépage capricieux. Les grappes sont serrées, sensibles à l’oïdium. En bio, il faut être très vigilant : effeuiller, aérer, traiter tôt. C’est du travail. Mais c’est faisable, à condition d’être bien...

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« Historiquement, on faisait plus de rouges que de blancs à Châtillon-en-Diois ! »

Au cœur des coteaux d’altitude du Châtillon-en-Diois, Zoé Cayol nous livre la vision du domaine familial enraciné dans une appellation singulière. Depuis 1992, le domaine de Maupas est porté par une viticulture bio engagée et un équilibre subtil entre tradition et modernité. Rencontre avec une jeune vigneronne qui écrit son histoire, loin des sentiers battus du Diois. Zoé, votre domaine est situé sur l’appellation de Châtillon-en-Diois, pouvez-vous nous la présenter ?  C’est une appellation d’altitude. Nous avons ici des coteaux entre 500 et 700 mètres d’altitude pour les plus hauts. C’est un vignoble qui se niche dans les contreforts du Vercors. L’aire d’appellation compte 76 hectares, mais aujourd’hui, il en reste une petite trentaine de plantés. L’appellation est-elle portée par un mouvement d’extension continue, ou ses contours sont-ils figés depuis déjà quelque temps ? En 1992, quand mon père a défriché une dizaine d’hectares, c’était quand même une appellation en perte de vitesse. Aujourd’hui, pas mal de surfaces ont été plantées pour la Clairette de Die, au détriment des rouges de Châtillon. Historiquement, on faisait plus de rouges que de blancs ici. C’est une terre de rouge, mais aussi une terre de blancs ! La particularité de l’appellation, c’est qu’elle permet l’élaboration des trois couleurs, n’est-ce pas ?  Oui, rouge, blanc et rosé ! En ce qui concerne les cépages, le Gamay tient le rôle principal. À ses côtés, on retrouve également la Syrah et le Pinot noir...

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« Je fais surtout des vins blancs secs dans une approche naturelle »

Installé récemment dans le Diois après une première vie viticole dans le pays nantais, Manuel Pineau a choisi de tout recommencer par amour et par conviction. Ce vigneron, adepte des vins blancs secs, s’inscrit dans une bio et naturelle. Sans produire de Clairette de Die, il revendique une approche artisanale et engagée, avec l’ambition de faire émerger une nouvelle lecture des terroirs diois. Manuel, vous n’êtes pas du tout natif du Diois, puisque vous avez même eu un domaine dans le Pays nantais. Comment vous êtes-vous retrouvé sur ce vignoble ? Ce sont les aléas de la vie ! J’ai tout simplement rejoint ma compagne, qui habitait dans le Diois. Même si je travaille seul, nous avons fait le choix de transférer l’entreprise que j’avais dans le Pays nantais. Elle travaille à la chambre d’agriculture et connaît bien les principaux acteurs du monde agricole. Assez rapidement, j’ai donc été mis en contact avec un collègue qui m’a proposé de reprendre 3 hectares, comme dans le Pays nantais. Quel est votre parcours, avant cette installation dans le Diois ? Je suis né à Nantes. J’ai fait un BTS viticulture-œnologie en alternance en 2004, dans le Muscadet. Ensuite, j’ai travaillé dans différents secteurs du monde du vin : chambre d’agriculture, vente, puis, en 2015, j’ai repris des vignes tout en travaillant sur le domaine Bonnet-Huteau. À partir de 2021, j’ai diminué mon temps sur ce domaine pour me consacrer davantage au mien. C’était une forme d’aboutissement : faire mon propre...

KJH

«  La sucrosité et l’âge des vignes sont deux éléments clés pour nos Clairettes de Die »

À la tête d’un domaine familial bio dans le Diois depuis plus de vingt ans, David Bautin incarne la passion du terroir et de la paysannerie. Entre respect des traditions et envies d’innovation, il explore de nouvelles voies pour faire rayonner la Clairette de Die et des vins du Diois et révéler la richesse de ces terroirs.
David, pouvez-vous nous présenter votre domaine ?
Je suis à la tête d’une exploitation familiale depuis 1997. J’ai pris la relève de mon père, qui lui-même avait succédé à son propre père. C’est mon grand-père qui m’a transmis l’amour de la terre, de cette région et du métier de paysan.
Quand vous parlez de paysannerie, qu’est-ce que cela représente pour vous, concrètement ?
Ce qui me plaît dans la paysannerie, c’est cette forme d’autarcie, cette autonomie. Aujourd’hui, tout a changé, mais on essaie de conserver une exploitation à taille humaine. D’ailleurs, j’inscris « paysan-vigneron » sur mes étiquettes, car j’aime profondément cette notion.
Quelle est la superficie de votre domaine aujourd’hui ?
Aujourd’hui, nous cultivons 5 hectares au total.
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« Nous découvrons encore pleinement la richesse et la complexité de notre terroir »

Romuald Perrone, président des appellations Banyuls et Collioure, dresse un état des lieux lucide de ces vignobles du Roussillon, confrontés à une baisse des volumes et à un renouvellement générationnel délicat. En pleine redécouverte des subtilités climatiques et géographiques de la Côte Vermeille, le syndicat a engagé un vaste travail de hiérarchisation des vins pour répondre aux attentes actuelles et préparer l’avenir.
Romuald, vous êtes le président des appellations Banyuls et Collioure, comment vont-elles ? 
Si l’on en juge uniquement par les courbes de production et de commercialisation, on ne peut pas dire qu’elles se portent très bien. Après, c’est aussi à l’image de tout le vignoble français. Toutefois, nous nous portons mieux que nos voisins d’Occitanie.
Pourquoi ?
Nous avons ici une base de vente directe qui représente 60 % de notre production. Il y a donc un effet amortisseur. Ces ventes locales représentent le matelas commercial du cru.
Constatez-vous une différence marquée dans l’évolution des deux appellations, Banyuls et Collioure ?
On ne distingue pas vraiment cette évolution, car on considère les deux appellations comme un ensemble : leur trajectoire reste similaire.
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« Aujourd’hui, nous sommes au point zéro pour la préservation de ces ouvrages »

Depuis 2009, Nadia Landry dirige une entreprise dédiée à la création et la préservation de murs en pierre sèche, un élément clé du paysage viticole de Banyuls-Collioure. Formée à l’économie sociale et solidaire, elle met son savoir-faire au service de leur restauration, face à l’abandon de ces ouvrages essentiels à ce vignoble. Dans cette interview, elle évoque les défis de leur préservation et les solutions nécessaires pour assurer leur avenir.
Nadia, comment vous êtes-vous retrouvée aux commandes d’une entreprise spécialisée dans la pierre sèche ? 
À la création de mon entreprise en 2009, j’étais associé à André Pagès. André était formateur en pierre sèche. Personnellement, je n’avais pas le savoir-faire.
Quel a été votre cheminement pour occuper ces fonctions ? 
Je me suis retrouvée professionnellement dans une association qui gère des chantiers d’insertion, dans ce domaine. C’est là où j’ai appris ce métier. Par ailleurs, en 2018, j’ai repris mes études pour être dirigeante d’entreprise de l’économie sociale et solidaire.
Dans le cadre de votre entreprise, vous vous êtes concentrée exclusivement sur le vignoble, ou aussi sur les particuliers ? 
Nous sommes particulièrement centrés sur les pavillons qui ont besoin d’aménager leur jardin. Nous faisons des interventions dans les vignes, une fois par an. Malheureusement, les murettes ont été un peu laissées de côté.
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« De mon point de vue, l’avenir passe immanquablement par le bio ! »

Installé depuis plus de vingt ans sur les hauteurs de Banyuls et Collioure, Bruno Duchêne cultive ses vignes en biodynamie sur ces terroirs aussi exigeants qu’escarpés. Autodidacte venu d’ailleurs, il revendique une approche libre et naturelle du vin, aux antipodes des normes imposées. Rencontre avec un vigneron déterminé, qui voit dans le bio le levier d’un avenir viable pour l’appellation.
Bruno, vous n’êtes pas natif du Roussillon ?
Non, je suis originaire du Loir-et-Cher. J’ai vécu en Bretagne, où je travaillais alors dans les champignons. J’ai ensuite vécu en Bourgogne, et j’ai fini par atterrir dans le coin.
Qu’est-ce qui vous a séduit sur ces terroirs ?
Tout ! Ce sont des paysages époustouflants et des lieux telluriques. Il y a aussi eu des rencontres humaines, comme celle avec Alain Castex, par exemple. C’est un pays de vignes, de gens, de vents, de terres et de mers, un endroit assez remarquable.
À quel moment avez-vous compris que ces terroirs pouvaient donner de grands vins ? 
C’est avant tout une question de ressenti. Ici, les anciens, comme dans beaucoup de régions françaises, greffaient sur place. Mais chez nous, on plante ce qu’on appelle des plants américains, avec de beaux bois, que l’on reproduit nous-mêmes. Ce savoir-faire se perpétue encore un peu en Provence ou en Corse, mais ça reste assez rare. Chez nous, le matériel végétal est magnifique. Et surtout, les terroirs sont excellents.
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« C’est un projet sur le long terme que le bio. On ne peut pas, du jour au lendemain, tout transformer d’un coup ! »

Fondé en 1984, le domaine de la Rectorie, dirigé aujourd’hui par Jean-Emmanuel Parcé, s’est fait connaître pour ses Banyuls Rimage et ses Collioure blancs. Avec 34 hectares de vignes, le domaine mise sur une réduction de ses surfaces, sur la transition bio et sur des pratiques novatrices pour faire face aux défis climatiques, tout en valorisant les spécificités de ses terroirs. Jean-Emmanuel, pouvez-vous nous présenter le domaine de la Rectorie ? C’est un domaine qui a été créé en 1984 par mon père Thierry et mon oncle Marc. Ils avaient sorti les vignes qui partaient à la cave coopérative. Ces vignes appartenaient à leur grand-mère. Ils voulaient produire leur propre vin et pas seulement apporter les raisins à la cave coopérative. Au départ, ils avaient 7 hectares, puis, petit à petit, ils se sont agrandis. Depuis 2010, je suis uniquement avec mon père. Quelle surface avez-vous aujourd’hui et comment votre domaine a-t-il été reconnu ? Nous sommes à 34 hectares. C’est très morcelé, il y a des micro-terroirs. Depuis 2013, je mets en avant des lieux-dits, avec des expositions vers la mer, qui ne souffrent pas de la sécheresse. Le domaine s’est fait connaître au début avec les Banyuls Rimage. Ça ne se faisait pas trop à l’époque, puisque la plupart des Banyuls étaient surtout des oxydatifs. Pouvez-vous nous rappeler ce que sont les « Rimage » ? Ce sont des Banuyls sur les fruits rouges sur la jeunesse. Les élevages sont assez courts, et les mises sont précoces avec seulement...

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« Je suis venu sur les Coteaux d’Ancenis pour faire des rouges »

David Landron, vigneron installé en 2022 sur les Coteaux d’Ancenis, cultive 6 hectares de vignes bio sur l’ancien domaine familial à Ligné, à l’extrême nord de l’appellation. Passionné par la diversité des cépages, il mise sur des cuvées équilibrées et naturelles, entre Gamay, Pinot gris et Melon de Bourgogne. Avec son domaine « Passe Pont », il incarne son parcours de vie dans Sèvre-et-Maine et les Coteaux d’Ancenis, cherchant à tracer sa route en toute indépendance. David, vous êtes un nouveau visage sur les Coteaux d’Ancenis, quel est votre parcours ? Effectivement, je suis arrivé en 2022 sur les Coteaux d’Ancenis, je suis enfant de vigneron. J’ai fait des études en viticulture œnologie. Après une première installation dans Sèvre-et-Maine en 2017, avec un éleveur, un maraîcher, nous avons eu une mésentente. Nous nous sommes donc séparés fin 2021. Avez-vous voulu tracer votre propre, loin du domaine familial ? Oui, sur la première installation. Je voulais trouver une agriculture plus sociable. Mon nouveau domaine est basé sur l’ancien chai de mon père, à Ligné, au nord d’Ancenis. Pour autant, je suis indépendant du domaine Landron Chartier. Les vignes appartenaient donc à votre famille ? Oui, lorsque je me suis séparé d’avec mes associés, mon père et mon frère m’ont proposé de rependre 6 hectares de vignes. Ce sont des vignes qui sont en bio depuis 2013. Mon père les avait reprises à son arrivée en 2001. Crédit photo : M57.Studio Pour découvrir la suite de cette interview...

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« Mon but est d’avoir des choses créatives et imaginatives tous les ans, avec une palette limitée de 6 cépages »

Vigneron installé sur les schistes des Coteaux d’Ancenis, du côté d’Oudon, Jacques Février cultive bien plus que la vigne : il cultive la liberté. Formé en sommellerie, puis passé par l’Alsace avant de revenir dans l’Ouest, il trace son propre sillon en dehors des cadres, assemblant des cépages, jouant des millésimes et explorant sans relâche. Entre expérimentations, météo capricieuse et engagement en bio, il raconte son parcours d’artisan du vivant, où chaque cuvée est d’abord une idée, et, souvent, un jeu. Jacques, comment vous êtes-vous retrouvé vigneron sur les terroirs des Coteaux d’Ancenis ?  Avant toute chose, j’ai une formation en sommellerie. Dans le prolongement, j’ai aussi été attiré par le travail de la vigne, donc je me suis lancé dans une formation spécifique en Alsace, en 2011. Je suis originaire de Bretagne, donc, je souhaitais revenir dans l’ouest de la France. Après une première recherche dans le Muscadet et aussi en Anjou, les Coteaux d’Ancenis se sont présentés. J’y ai trouvé un potentiel pour avoir de jolis rouges à base de Gamay. En blanc, il y avait aussi le Pinot gris qui me rappelait un peu l’Alsace, puis le Melon de Bourgogne pour le Muscadet. Un domaine à taille humaine s’est présenté avec un lieu pour vinifier, ce qui n’est pas forcément facile à trouver, dans toute région viticole. C’est donc une reprise ?  Le vigneron avant moi faisait du vin pour le négoce. Il récoltait ses raisins sur ses parcelles, puis les vinifiait et les vendait au...