Au sud de la Corrèze, le vin de paille compte parmi ces traditions rurales que le temps aurait pu faire disparaître, sans la ténacité de quelques vignerons décidés à les préserver. Parmi eux, Jean Mage a consacré trente ans à la renaissance de ce nectar, emblème discret de la basse Corrèze. Entre mémoire familiale, bataille administrative et fierté retrouvée, il retrace pour nous l’histoire mouvementée d’un vin rare, qui continue de faire battre le cœur d’un terroir.

Jean, comment avez-vous commencé la vigne sur votre ferme ?

Quand j’ai repris l’exploitation, il y avait déjà de la vigne. Mon père avait tenté de relancer la production de vin paillé dès 1962. Il avait planté environ un hectare avec une vingtaine de cépages venus de toute la France, dans le cadre d’un essai conduit par l’ITV de Bordeaux. L’objectif était de relancer cette production traditionnelle. Malheureusement, l’essai n’avait pas vraiment fonctionné, le contexte des années 1960 n’était pas le même qu’aujourd’hui.
En 1986, j’ai voulu reprendre le flambeau. J’ai replanté un demi-hectare environ, en même temps que le vignoble de Branceilles. Puis, lorsque je me suis installé en 1990, j’ai poursuivi dans cette voie, en sélectionnant des cépages adaptés au séchage et à la qualité gustative. Nous avons relancé un programme de plantation : en 1999, cinq à six hectares ont été replantés, puis encore en 2000. Au total, on est montés à une vingtaine d’hectares destinés au vin paillé, sur la basse Corrèze.

Le vin de paille est une vieille tradition ici. Que représentait-il autrefois dans la vie locale ?

C’était un vin bien ancré dans la vie locale. On en trouve des traces écrites dès le 15e siècle, puis autour de 1800, notamment sous la plume de M. Blanchard, du château de la Grèze à Brive, qui décrivait en détail la fabrication du vin paillé localement. Cette tradition n’a jamais disparu. Il y avait du vin paillé dans presque toutes les maisons. Chaque ferme possédait un peu de vigne : on faisait du vin pour la consommation courante et un peu de vin paillé pour les grandes occasions, ou pour offrir à ceux qu’on appréciait. C’était vraiment le « haut de gamme » local, un vin patrimonial. Ce serait dommage de laisser tomber une telle production.

En 2013, la Corrèze a perdu le droit d’utiliser la mention « vin paillé ». Que s’est-il passé ?…

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